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Réforme de l'éducation : le CRPE désormais accessible à Bac+3

Un tournant majeur pour l'accès à l'enseignement : vers plus d'opportunités ? On décortique tout ça pour vous !
09/04/20245 mins
Par Reda Bakkar
Hupso | Indispensable

La route pour devenir enseignant en France vient de connaître un véritable virage. Lors d'une récente annonce, le président de la République a révélé un changement majeur dans les critères d'accès au Concours de Recrutement des Professeurs des Écoles (CRPE). 

Passage de Bac+5 à Bac+3 🎓

L'éducation se retrouve donc à l'aube d'un changement majeur dans son processus de recrutement. Vendredi 5 avril 2024, le président de la république a annoncé que le Concours de Recrutement des Professeurs des Écoles (CRPE) sera désormais accessible après une licence, marquant ainsi un passage de Bac+5 à Bac+3. 

 

Ce changement, qui entrera en vigueur dès l'année prochaine, suscite déjà de nombreuses discussions au sein de la communauté éducative. Mais que révèle-t-il vraiment sur l'avenir de l'enseignement et sur les aspirations de notre système éducatif ?

Une annonce inattendue 😮

Lors d'une visite dans une école parisienne, Emmanuel Macron a déclaré que le concours pour devenir enseignant, auparavant une étape post-master, se déroulerait désormais à la fin du cycle de licence. 

 

Cette mesure vise à combler le vide laissé par plus de 3.100 postes d'enseignants non pourvus au printemps 2023, une situation critique qui met en lumière la crise de recrutement que traverse le secteur depuis plusieurs années.

 

Avec cette réforme, les futurs enseignants, dès la fin de leur licence, se verront offrir la possibilité de passer le CRPE pour ensuite entrer en master professionnalisant, marquant une rupture avec le parcours traditionnel actuel. 

 

Cette réforme répond à une ancienne réforme qui n'a pas fait l'unanimité. En effet, il y a 3 ans en arrière, le gouvernement avait décidé que pour devenir enseignant, il fallait passer le concours après avoir obtenu un master, donc après cinq ans d'études. 

 

Cette décision, qui devait démarrer en 2022, avait pour but d'équilibrer les chances entre différents profils d'étudiants, mais force est de constater que son succès fut bref.

Une réforme, plusieurs objectifs 🎯

Ce retour en arrière vers Bac+3 pour le concours n'est pas une décision isolée. Elle s'inscrit dans une réflexion plus large amorcée par l'ex-ministre de l'Éducation nationale, Pap Ndiaye, et poursuivie par son successeur, Gabriel Attal. 

 

Ce dernier a engagé, dès septembre dernier, une concertation avec les syndicats sur des thématiques clés telles que la formation initiale des enseignants, leurs conditions de travail et l'évolution de leur carrière. 

 

L'objectif est double : améliorer l'attractivité du métier d'enseignant et répondre avec pragmatisme à la crise de recrutement.

 

Cette mesure vise aussi à élever le niveau de professionnalisation des futurs enseignants, leur permettant d'entrer plus tôt dans le vif du sujet. 

 

En effet, avec cette réforme, les étudiants bénéficieront d'une immersion professionnelle et d'une rémunération dès les premiers pas de leur master, avec un salaire net mensuel de 1 400 euros en Master 1, puis de 1 800 euros en Master 2

 

Cette nouvelle méthode vise à rendre le métier d'enseignant plus attirant, en offrant aux étudiants un salaire et de l'expérience pratique dès le début de leurs études.

Vers des "écoles normales du XXIe siècle" 🏫

Le président Emmanuel Macron envisage cette nouvelle licence comme une "prépa intégrée" aux allures d'écoles normales modernisées. 

 

Ces licences, concentrées sur des disciplines fondamentales telles que le français, les mathématiques, la géographie, et l'histoire, mais aussi sur les méthodes pédagogiques innovantes, sont destinées à préparer au mieux les candidats au CRPE. 

 

Ce retour à une forme d'école normale, lieu historique de formation des instituteurs en France, vise à réinstaurer un modèle éprouvé « d'excellence et d'engagement » au service de l'éducation.

 

Ces institutions sont envisagées comme les successeurs modernisés des INSPE, avec pour mission de piloter tant les nouvelles licences spécialisées (LPPE) que les masters reformulés. 

Une réponse à une crise persistante 💨

Derrière cette réforme, c'est toute la problématique de la crise de recrutement qui est posée. Avec des milliers de postes non pourvus, l'Éducation nationale fait face à une urgence qui menace la qualité de l'enseignement et l'égalité des chances. 

 

En facilitant l'accès au CRPE, le gouvernement espère non seulement attirer davantage de candidats mais aussi revaloriser le parcours de formation des enseignants. 

 

Cette initiative, bien que saluée pour son ambition, soulève cependant des interrogations quant à son impact sur la qualité de la formation et les compétences des futurs enseignants.

Un planning serré qui soulève des inquiétudes, une réforme controversée 🤔

¡ Le gouvernement aurait en tête de mettre en place ces changements le plus tôt possible !

 

Dès la rentrée 2024, ils prévoient d'ajouter des cours spéciaux pour ceux qui veulent passer le concours en fin de licence. Puis, en 2025, ils comptent lancer des nouveaux types de licences et de masters pour cette formation.

 

Le président Emmanuel Macron a dit que le nouveau concours pourrait avoir lieu en juin 2025, et il espère que cette nouvelle manière de former les enseignants sera bien en place d’ici deux ou trois ans. 

 

Mais cette rapidité inquiète. Selon Léo Faconnier, président de l’AFNEE (Association Fédérative Nationale des Étudiant.e.s en Enseignement)

“Si cette réforme se fait au dernier moment, nous allons la subir, et il y a un risque de cafouillages.”

Surtout que les étudiants qui commenceront leur master en 2024 avec l'ancien système, selon lui ils ne seront pas prêts pour ce nouveau concours en 2026.

 

Malgré ses intentions louables, cette réforme ne fait pas l'unanimité. Certains y voient un risque de "formatage" plus que de formation, une préparation trop focalisée sur les fondamentaux au détriment d'une compréhension plus large des processus d'apprentissage. 

 

La crainte exprimée par des voix syndicales, telles que celle de Guislaine David, secrétaire générale de la FSU-SNUipp, est que cette réforme, en se concentrant exclusivement sur certains aspects de l'enseignement, ne finisse par éloigner des candidats potentiels, notamment ceux issus d'autres filières.

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Reda BakkarRédacteur de contenus

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