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Emploi : des pénuries de recrutement en région d’ici 2030

Départs à la retraite, création de postes mais aussi manque d'attractivité : découvrez les perspectives de recrutement dans les régions d'ici 2030 !
09/02/20236 mins
Par Hugo Messina
Hupso | Indispensable

Avec un taux de chômage actuel aux alentours de 7 % de la population active, la France regorge pourtant de secteurs porteurs et dynamiques. Aide à la personne, transport et logistique, recherche et développement… De nombreux métiers recrutent. Mais alors, pourquoi le rapport de France Stratégie et de la Direction de l’animation, de la recherche, des études et des statistiques (Dares) prévoit des pénuries de recrutement en région d’ici 2030 ? Mobilité géographique, vieillissement de la population et attractivité régionale : on vous explique pourquoi ces disparités existent (et comment lutter contre !).

N.B. : cet article se base principalement sur les données du rapport « Les métiers en 2030 : quelles perspectives de recrutement ? » (France Stratégie et Dares).

Besoin de recrutement et manque de main d’œuvre : de quoi s’agit-il ?

En mars 2022, France Stratégie et la Dares ont publié un rapport analysant les métiers d’avenir et les difficultés de recrutement par secteur et par emploi, entre 2019 et 2030. Une projection dans le futur à plus d’un million d’emplois créés… Mais une pénurie de candidats à l’emploi dans des professions indispensables, comme les postes d’agent d’entretien, d’enseignant ou encore d’aide à domicile. 

Le nouveau rapport « Les métiers en 2030 : quelles perspectives de recrutement ? » dresse un panorama plus précis des besoins de main-d'œuvre. En effet, ces manques de candidats varient en fonction des régions, ayant des réalités économiques et démographiques différentes. 

Concrètement, le besoin de main d’œuvre reflète la différence entre le nombre de postes à pourvoir et de candidats dans une même zone, pour un métier (ou catégorie de métier). 

Un déséquilibre s’installe donc au fil du temps dans les régions. Selon les régions, il y a plus de postes que de candidats et inversement. C’est à ce moment que les recrutements deviennent difficiles pour les entreprises. En revanche, les demandeurs d’emploi et les entrants sur le marché du travail (jeunes actifs, diplômés, etc.) ont plus de chances de trouver un poste stable et rémunérateur. 

Au niveau national, les études de la Dares et de France Stratégie pointent du doigt un déséquilibre de 5 % d’ici 2030. Autrement dit, 5 % des emplois actuels ne seront pas pourvus par les Français dans la prochaine décennie. Mais au fait, au niveau régional, qui s’en sort le mieux ?

Recrutement : des déséquilibres inégaux selon les régions

Le U de la croissance : un besoin de recrutement élevé

Un peu perdu ? On vous explique tout. En fait, le « U de la croissance » regroupe les régions allant de la façade atlantique (Bretagne, Pays de la Loire, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie) au bassin méditerranéen (Paca, Corse, Auvergne-Rhône-Alpes). En réalité, ce terme a été créé pour désigner l’évolution économique importante à laquelle participent ces territoires en France, depuis 40 ans.

Si ces régions participent à la croissance, pourquoi prédit-on un manque de main d’œuvre ?

Justement, ces régions attractives sont victimes de leur succès. En raison d’un environnement propice ou d’un cadre favorable, elles attirent des secteurs économiques porteurs. Par exemple, en Auvergne-Rhône-Alpes ou en Occitanie, de nombreux emplois de cadre apparaissent dans des secteurs innovants (recherche et développement, ingénierie, industrie de pointe, pharmaceutique, etc.).

Les entreprises de ces domaines ont tendance à ouvrir de plus en plus de postes clefs. Or, le nombre de recrutements dépasse souvent le taux de nouveaux entrants dans les régions concernées. On parle alors d’une forte dynamique d’emploi. En 2030, ces territoires connaîtraient un taux de création d’emploi fixé entre 6 et 8 %. Pour rappel, la moyenne nationale atteindrait les 4 %.

Puisque ces régions sont attractives, pourquoi ne pas se servir des actifs entrants ?

Ces territoires enregistrent des taux de mobilité importants. En 2030, un nombre toujours aussi élevé d’actifs provenant d’autres régions est même prévu. 

Ça se comprend : le climat y est favorable (proximité du littoral et/ou de la nature) et le cadre de vie a tendance à s’améliorer (développement des métropoles et de zones urbaines d’emplois). Par exemple, des villes comme Bordeaux, Rennes, Montpellier ou Nice sont des points d'atterrissage privilégiés pour les actifs de la région parisienne (l’Île-de-France devrait connaître une hausse de départs des actifs en milieu de carrière dans d’autres régions).

En revanche, ces zones comptent de moins en moins de jeunes travailleurs en début de carrière (sauf Toulouse, Nantes et le Rhône-Alpes). En effet, les étudiants optent pour des régions, comme l’Île-de-France ou les Hauts-de-France, pour entamer leurs études supérieures. Conséquence : à la fin de leur cursus scolaire, les jeunes diplômés préfèrent pourvoir un emploi dans la région d’études. Autre problème, il y a parfois plus de retraités et d’actifs sans enfant qui s’implantent dans ces zones géographiques.

D’ici 2030, le rapport estime que les nouveaux arrivants dans les régions du « U de la croissance » seront insuffisants pour pourvoir les postes vacants. Le bassin méditerranéen, la côte atlantique et la vallée du Rhône risquent de souffrir d’ici 2030, d’un déséquilibre de 6 à 9 %, bien plus supérieur à la moyenne nationale. 

Une pénurie moins accentuée dans la diagonale des faibles densités

Face au  « U de la croissance », le Nord-est et le Centre-ouest français s’en sortiraient un peu mieux d’ici 2030. On parle aussi de « la diagonale des faibles densités », notamment composée des Ardennes, du Massif central, du Centre-ouest et d’une partie de la Manche.  

En fait, ces territoires possèdent une population bien moins dense que la moyenne nationale. En d’autres termes, ses habitants représentent une petite partie de la population française. 

Ces régions font également face à un vieillissement croissant de leur population, à l'exception des Hauts-de-France. Ainsi, de nombreux départs à la retraite sont envisagés sur la prochaine décennie dans la diagonale des faibles densités. Pour vous donner une idée, un tiers des postes vacants seraient dus à des fins de carrière en Centre-Val de Loire, en Normandie et en Bourgogne-Franche-Comté. 

Néanmoins, les déséquilibres entre postes disponibles et main d'œuvre y sont atténués. Selon le rapport, entre 2 et 3 % des emplois ne seront pas pourvus en 2030, soit un taux plus faible que sur les régions côtières. 

La raison est simple. Il y a moins d’actifs sur ces territoires, les projections d’emploi y sont donc plus faibles. Les besoins de recrutement se créent seulement avec les fins de carrière dans les années à venir. La Dares et France Stratégie estiment que la mobilité régionale suffira à combler les pénuries de recrutement sur ces territoires. 

Quels sont les métiers touchés par la pénurie de recrutement ?

Vous l’aurez compris, d’ici 2030, toutes les régions feront face à une pénurie de recrutement, plus ou moins élevée. 

Par exemple, le déficit de main d’œuvre s’étendra sur tout le territoire pour les professions d’agent d’entretien, de personnel de maison ou d’aide à domicile. Ces professions subissent un désintéressement de la part des nouveaux arrivants sur le marché du travail. 

En parallèle, le métier de conducteur de véhicule (transport en commun, taxi, etc.) fait face à une vague de départs à la retraite, causant des difficultés de recrutement dans toute la France. 

Bien entendu, en fonction des territoires, certaines professions seront plus touchées que d’autres. Sur la façade atlantique, jusqu’à un tiers des postes d’ingénieur informatique seront vacants

Constat identique pour le secteur du social et du soin, pour lequel le besoin de recrutement s’accentue d’année en année, surtout dans le Sud et dans l’Ouest du pays. En Île-de-France et dans le Nord-ouest, les métiers de la logistique devraient aussi bénéficier d’une dynamique, avec de nombreux postes à pourvoir. 

Pour rappel, voici les cinq métiers qui pourraient connaître un besoin de recrutement élevé d’ici 2030 en France : 

Métier

Nombre de postes non-pourvus en 2030

Agent d’entretien

328 000

Aide à domicile

224 000

Conducteur de véhicule

200 000

Ouvrier qualifié de la manutention

157 000

Cadres commerciaux et technico-commerciaux

144 000

Lutter contre la pénurie de main d'œuvre : quelles solutions ?

Ce déséquilibre dépend de divers facteurs, principalement la création et la destruction d’emplois et le rapport entre départ à la retraite et entrée sur le marché des jeunes. Face à ces constats, plusieurs solutions existent. 

Grâce à des projections comme celle de la Dares et France Stratégie, les pouvoirs publics peuvent anticiper des créations d’emploi trop importantes dans un secteur. L’objectif est de mettre en place des politiques d’emploi adaptées à chaque situation. Par exemple, pour booster les recrutements, l’État peut aussi agir sur plusieurs leviers, dont la formation des demandeurs d’emploi ou le développement de l’alternance

Des solutions peuvent aussi être trouvées en région. Si un territoire manque de candidats, il faut inciter les actifs à la mobilité régionale. C’est l’idée des primes à l’installation ou encore de l’exonération partielle d’imposition.

Les acteurs privés jouent également un rôle clef dans la lutte contre la pénurie de main-d'œuvre. Des organismes de formation, comme Hupso, développent des formations professionnalisantes dans des secteurs en tension. Le but ? Revaloriser des métiers indispensables mais délaissés ces dernières années. Alors, envie de devenir un pilier de la société ? 

Pour en savoir plus sur les métiers indispensables : Les métiers utiles : comment donner du sens à sa carrière ?

 

Crédits photo : « ©[Sam Lion] via Canva.com »

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Hugo MessinaRédacteur de contenus

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